Les règlements de comptes, les conflits d’intérêts faisaient partie des affaires louches et suspectes d‘Andrew. Il ne pouvait y échapper et il devait composer avec, très régulièrement. En tant que trafiquant d’armes, il se devait de protéger son commerce, son secteur d’activités qu’il considérait comme son territoire. Il baignait depuis sa toute jeunesse dans ces histoires là et ne savais parfois plus faire la différence entre ce qui était bien ou illégal. Il en avait totalement perdu la notion. La situation dans laquelle il trempait lui semblait donc des plus normales. Jamais le matin quand il se réveillait, il ne se demandait si ce qu’il faisait en valait la peine. C’était quelque chose de tout à fait banal pour lui. Vendre des armes sous le manteau, avoir des connaissances vendant les charmes de filles et de garçons, tout était normal. Normal dans le monde d’Andrew, dans le monde dans lequel il vivait. Tout ce qu’il fallait espérer, c’est qu’il ne se fasse pas prendre. Il avait pour le moment une chance inouïe. Jamais il n’avait été inquiété par les autorités locales, et cela, il le savait, c’était une chance plutôt inespérée. Car si cela s’était produit, il aurait passé pas mal d’années en prison.

Quoiqu’il en soit, une entrevue avec un trafiquant rival l’attendait. Comme à son habitude de vouloir mener le jeu, le rendez vous était fixé à l’écart de la ville, dans une zone industrielle désaffectée. Discrétion oblige, personne n’était au courant d’où il allait. Arrivé sur les lieux du rendez vous, arme camouflée dans sa veste de costume, Andrew attendait l’heure du rendez vous. Avec son rival, ils devaient techniquement juste parlementer affaires. Mais fallait mieux être prudent, une arme était plus que nécessaire.

Quelques minutes plus tard, son interlocuteur venait d’arriver sur les lieux. Entre les deux hommes, la tension était palpable. Chacun voulait défendre son beefsteak, son territoire, son marché, enfin bref, ses affaires et ses profits. De cela il en dépendait leur train de vie. Mais voyant que les négociations tournaient mal, que son interlocuteur commençait à prendre le dessus, Andrew mit sa main sur son armes, prêt à la dégainer. La suite tourna en règlement de comptes, quelques balles perdues s’échangèrent avant qu’Andrew ne soit touché à la jambe.

Son rival avait prit le dessus, le laissant la, non pas pour mort mais tel quel, lui faisant comprendre que ceci était un avertissement. La prochaine fois, Andrew ne s’en sortirait pas de la sorte. Mais le trafiquant qu’il était ne s’avouait pas vaincu, il aurait sa revanche et son rival y perdrait la vie. S’apprêtant à remonter dans sa voiture, il aperçut quelqu’un dans cette zone totalement perdue…

La testostérone pouvait provoquer chez certains hommes des tensions plutôt palpables. La preuve en était la, en image et dans le comportement même d’Andrew. Par intérêt et par soucis de garder son petit commerce illégal à flots, il lui avait fallu donc se défendre son territoire afin de conserver son train de vie. En effet, tout cela lui permettait de vivre la vie qu’il vivait. Quoiqu’il en soit, sa jambe était dans un piteux état, la balle avait l’air de l’avoir traversé. Mais n’étant pas médecin et la douleur étant assez saisissante, il n’en savait guère plus. Mais quoiqu’il en soit, il en avait vu des vertes et des pas mûres. Après avoir été laissé pour mort malgré sa blessure relativement légère, il se redressa en s’appuyant sur sa voiture. Puis une jeune femme qui se trouvait dans le coin s’approcha de lui, le regardant presque comme un animal blessé. Il crut sentir de la crainte mais lorsqu’elle lui fit remarquer que sa blessure était vilaine, Andrew avait envie de rétorquer d’une manière un peu brutale :

« Rassurez-vous, je comptais me débarrasser rapidement de ça. J’ai une hache dans le coffre. Si vous voulez m’aider »

Puis elle lui fit remarquer que la balle était déjà ressortie de la plaie. Peut être une bonne chose dans le fond. Pas aussi grave qu’il ne l’aurait pensé, la hache ne serait finalement pas nécessaire. Il esquissa vite fait un sourire avant de se raviser et de reprendre des traits plutôt sombres, ne laissant rien paraître aux yeux des autres. Il n’aimait pas faire dans les sentiments, surtout avec les gens qui venaient se mêler de ce qui ne les regardaient pas.

« Si c’est sortit c’est plutôt bon signe alors, pas d’inquiétude pour moi, je vais m’en tirer comme ça. Faut mieux éviter d’avertir les autorités. Ca m’arrangerait. »

La jeune femme se présenta alors, en lui présentant son nom et sa fonction. Quant à Andrew, mieux il se cachait, mieux il en était pour lui. Il allait comme régulièrement se présenter sous un nom d’emprunt.

« Vous tombez à pic alors. Vous allez sûrement pouvoir m’éviter d’aller à l’hôpital et devoir avoir à fréquenter ces lieux atroces. Mais je vais me présenter, Numa, agent immobilier. J’étais sur ce terrain vague pour prospecter concernant une demande d’un client. Mais apparemment je suis tombé sur un trafiquant qui s’est entiché de cet espace vague comme un no man’s land dans le but d’exécuter ses petites affaires. Il ma gentiment demandé de quitter les lieux, mais j’ai préféré me défendre et donc me voilà dans cet état. »

Protéger ses affaires et ses petits trafics à tout prix. Tel était le devoir d’Andrew. Il voulait se donner cet air de mec bien, mais il y avait des personnes qui savaient faire la différence. Chez certaines personnes, le mensonge était facile, ils se faisaient duper très facilement. Par contre, chez d’autres, la mayonnaise ne prenait pas. Andrew avait parfois un humour assez étrange, comme par exemple le fait de vouloir se couper la jambe avec une hache.

« Soyez en sûre, je préfère en rire que d’en pleurer. Puis, dans le fond, il y à pire dans ce bas monde. Quoiqu’il arrive, le mec qui m’a fait ça paiera, et avec les intérêts. »

Quoiqu’il en soit, il ne voulait pas inquiéter les autorités. Bizarrement, la jeune femme lui avoua qu’elle ne comptait pas les avertir.

« Si nous sommes sur la même longueur d’ondes, tant mieux »

Il lui sourit. Apparemment elle avait du mal à croire aux conneries qu’il débitait. Il n’était pas très bon menteur, mais depuis toutes ces années, il avait quand même fait des efforts. Se protéger, protéger sa réelle identité, tel était son but ultime. Elle lui dit qu’elle n’allait pas le laisser dans cet état la, qu’elle allait l’aider en le soignant. Il fut rassuré qu’elle soit pompier, elle savait quand même ce qu’elle faisait. Puis elle fut quelque peu radicale en lui demandant de ne pas la prendre pour ce qu’elle n’était pas. Son stratagème ne prenait donc pas. Mais il n'en démordait pas. Il devait rester mystérieux, comme très souvent.

« J’ai peut être enjolivé les choses. Mais quoiqu’il en soit, je n’ai vraiment pas l’intention de vous prendre pour ce que vous n’êtes pas. »

Puis se faire dire qu’il était plutôt pas mal dans son genre lui fit esquisser un sourire. Andrew était un homme sûr de lui, mais se le faire entendre dire était loin d’être désagréable

« Merci, si je peux me permettre aussi, dans votre genre, vous n’êtes pas déplaisante. »

La jeune femme s’éloigna en lui indiquant prendre de quoi le soigner. La balle était certes ressortie mais la plaie était loin d‘être belle.

« À vrai dire, la plaie est quand même moche à voir. »