epuis combien de temps m’évitait-elle exactement? Depuis combien de jours n’avais-je pas entendu sa voix où croiser son regard? Depuis trop longtemps, j’en avais bien peur. Entre Genesis et moi, c’était une longue histoire de confiance et d’affection, une histoire qui datait d’une époque où nous portions encore des petites robes à fleurs et des bijoux de plastiques. D’une époque où nous étions encore heureuses, où les choses allaient bien, le monde était beau. Une époque où mon seul souci était de savoir si j’allais devenir une ballerine ou une princesse. Puis le monde s’était révolté. Le destin avait fait l’un de ses coups monstrueux. Et ma peur du noir s’est transformée en la peur de ce qui se cachait dans le noir. Des monstres qui se cachaient derrière le visage de ses gens que je croisais dans la rue. On m’avait arraché ma mère et tout ce que je me souvenais d’elle, c’était ce corps mutilé dans la cuisine de ce chalet près du lac que mon père avait acheté deux ans avant de drame. Trois ans plus tard, Genesis perdait ses parents d’une façon tout aussi affreuse, eux aussi, assassinés. Quelque part, ça nous a rapprochés, parce qu’il n’y avait aucune pitié dans les yeux lorsque je m’étais tenue près d’elle par la suite, il n’y avait eu aucune désolation, aucun sentiment de culpabilité, juste de la compréhension. Parce que j’avais vécu – plus ou moins – la même chose.
Aujourd’hui, elle m’ignorait. Non, pire. Elle m’évitait. Alors que je vivais sous le même toit qu’elle. Mes quelques discussions avec Adriel m’avaient laissé entendre qu’elle n’avait pas tenté de le rejoindre non plus. Non que les silences de Genesis fussent rares, je savais que parfois, lorsqu’elle se laissait prendre par son boulot, elle oubliait que le reste du monde existait, mais elle finissait toujours par refaire surface. Sauf maintenant. Maintenant était différent. Elle s’était pris une balle pour un type qui n’en valait même pas la peine et je savais que c’était pour cette raison qu’elle passait autant de temps dans son bureau. Je ne comprenais pas les raisons de son agissement, pourquoi elle avait décidé de jouer au héro, de mettre sa vie en danger pour quelqu’un comme lui. Lui, qui était, depuis que j’étais venue vivre avec elle, la principale raison de nos disputes. La seule raison de nos disputes. Si j’en voulais à Genesis d’avoir sauvé une vie? Oui. Oui je lui en voulais. Bien que je n’aie aucun droit de lui en vouloir pourquoi que ce soit. Au contraire, je devais me sentir redevable envers elle. C’était elle qui avait mis le meurtrier de ma mère derrière les barreaux. C’était elle qui m’avait permis de repartir à zéro, d’avoir une nouvelle vie, sans toujours regarder derrière mon épaule.
Aujourd’hui, je mettais une fin à tout cela. À ce petit jeu idiot du chat et de la souris. Aujourd’hui, elle allait arrêter de me fuir comme elle le faisait. Il était à peine dix heures lorsque je mis les pieds dans les bureaux du MI6, ignorant la secrétaire qui me suivait pour me dire que je n’avais pas le droit d’entrer comme ça sans autorisation. Je me gardais bien de lui répondre qu’elle pouvait se la mette où je pensais son autorisation et ne fit que pousser sans ménagement la porte du bureau de mon amie, qui semblait absorbée par sa paperasse. «Quel plaisir de voir que tu es encore en vie, Gen!» Mon ton était beaucoup moins contrôlé que je ne l’aurais souhaité. Beaucoup plus froid et haut perchée que je ne l’aurais voulu. Bien que toujours aussi assassin. Je croisai les bras sur ma poitrine, comme dans l’espoir de me protéger de ses prochaines paroles, de la réponse acerbe qu’elle risquait de me lancer en guise de réplique. Quelque chose de cinglant, j’imagine. Bien qu’en réalité, je ne lui laissai même pas le temps de répliquer que déjà, je repris la parole. «La prochaine fois que tu te prends une balle pour sauver un stupide trafiquant, j’aimerais avoir un peu plus qu’un texto!»
Cette fois-ci, ma voix résonnait plus fort, plus amèrement dans la pièce alors que je dardai mes prunelles sur elle. Je n’aimais pas Rickon, c’était évident. J’avais toujours imaginé Genesis avec un homme bien, avec quelqu’un de droit et de fort, quelqu’un qui serait là pour elle, pour leurs éventuels enfants. Un pilier solide et inébranlable qui pourrait chasser sa peur de l’amour et de l’abandon. Et bien que rien n’ait été dit, si elle ne m’avait avoué qu’elle l’aimait, ou qu’elle avait de quelconques sentiments amoureux pour cet homme qui servait de bras droit à son frère, j’avais l’impression que c’était le cas. Et quand bien même ce ne serait rien du genre, je vivais tout de même très mal qu’elle mette sa vie en danger pour sauver un tel homme. Quelqu’un qui finirait assassiné dans une ruelle sombre, dans un règlement de compte sordide. « Non, tu sais quoi?! La prochaine fois, laisse cet enfoiré prendre la balle qu’il mérite! »Mes propos étaient peut-être injustes, après tout, ce que je savais de ce type, c’était ce que j’avais trouvé dans les fichiers de police, c’était ce qu’Adriel m’avait dit. Il ne méritait peut-être pas la mort, mais ça ne changeait rien aux faits, à mes yeux.
«Bon sang, Gen! Tu ne peux pas risquer ta vie pour les beaux yeux du premier trafiquant que tu croises. Lui, il ne l’aurait certainement pas fait pour toi! Tu crois que tu peux nous faire ça, juste joué avec ta vie comme tu le fais? Tu as pensé à Adriel? À quel point il aurait été démoli si tu n’avais pas survécu? À Lukas? Même à Liam! À ceux qui tiennent à toi? Ça t’arrive de réfléchir avant de faire des trucs stupidement héroïques? » Je terminai ma tirade, à bout de souffle. Mes bras se serrèrent davantage autour de moi, non en guise de protection cette fois-ci, mais bien pour cacher du mieux possible le soulèvement irrégulier et laborieux de ma poitrine, alors que chaque souffle était plus difficile que le précédent. Je savais que j’avais besoin de respirer, de prendre mon inhalateur – qui était toujours dans ma valise- mais je ne désirais pas lui montrer ma vulnérabilité. Pas maintenant. Alors, je plantai mes prunelles embuées dans les siennes en guise de défi, la suppliant de me répondre, de me donner une explication logique, sans prononcer un mot de plus. Parce que je savais que ma voix me trahirait.
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Sujet: Re: I can't live in a fairytale of lies • Genesis Jeu 5 Juin - 16:16
Becca & Gen
I can' live in a fairytale of lies
Depuis combien de temps n'avait-elle pas remis les pieds dans ce vaste appartement autrefois si vide, elle se souvenait être passée rapidement un soir après sa sortie de l'hôpital, elle avait pris quelques vêtements et pris soin de couvrir sa meilleure amie qui s'était endormie sur le canapé en cuir qu'elles possédaient toutes les deux. Depuis quand avait-elle peur de se confier à elle en posant sa tête sur son épaule comme lorsqu'elles étaient enfants et qu'elles enterraient leur boite à secret dans le jardin de Genesis ? Depuis quelques mois déjà, certainement depuis que l'ombre de l'individu qui torturait le coeur de la blonde s'était glissé entre elles, l'une n'acceptant pas l'influence qu'il avait, l'autre qui ne pouvait pas se résoudre à se tenir loin de cet homme. C'était le seul et unique sujet de dispute entre elles, alors elle se souvenait vaguement avoir eu envie d'être seule. Sauf, qu'être seule elle l'était depuis de longues semaines et ça ne suffisait pas à oublier cette douleur lacérante qui déchirait son âme en deux. Elle ne voulait pas ajouter à cela, les reproches de son frère ou de sa meilleure amie, jugeant qu'elle était déjà assez perturbée par le fait qu'elle ait appris de la bouche de Rickon qu'il était l'homme qui l'avait sauvé jadis. Genesis aurait aimé être assez forte pour affronter le regard bleu lagon de sa meilleure amie, assez forte pour supporter ses mots glaciales, assez forte pour lui dire qu'elle-même était perdue et faible s'il ne lui tenait pas la main. Depuis combien de temps déjà était-elle assise ici, sur sa chaise d'acier, face à une page internet google vide. Elle avait passé toute la nuit à ranger, trier, lire, ranger, trier et relire ses dossiers. Parfois elle entendait les murmures houleux que ses collègues glissaient lorsqu'ils passaient à côté de sa porte de bureau entrouverte. Elle s'en fichait.
Genesis attrapa un crayon de papier, elle le porta entre ses lèvres et le mâchouilla tout en laissant ses yeux sur l'écran teinté de blanc qui se trouvait face à elle. Elle manquait de sommeil, la dernière fois où elle avait réussi à dormir, ce ne fut pas plus de trois heures et ses yeux si beaux autrefois étaient à présent entourés de cernes sombres qui contrastait terriblement avec le teint pâle et froid de sa peau. Son visage tomba lourdement contre le clavier de son Apple et le brouhaha habituel du MI6 la berçait doucement et l'emportait au milieu de ses songes qui comme d'habitudes étaient fais de chaire et de sang. Son doux moment de repos ne dura que deux petites heures, elle se réveilla en sursaut la vu brouillée par des images monstrueuses et le rythme cardiaque qui ne faisait que s'accélérer. Elle se leva en titubant presque et se plaça devant le miroir qu'elle avait fait poser juste à côté de la porte, du bout des doigts elle toucha les cicatrices de son passé, laissant son chemisier glisser jusqu'à ses avant bras. Elle avait envie de faillir, de sombrer doucement dans cette folie qu'on appelait la mort et pourtant, elle se souvenait des frissons qui l'avaient parcouru lorsque Rickon avait posé ses lèvres contre son front et du bruit insupportable de son cœur qui avait cogné contre ses tempes. Blondie secoua son visage tout en se traitant d'idiote intérieurement et jeta son chemisier sur sa chaise puis elle enfila un débardeur blanc avant de nouer ses cheveux dans une longue queue de cheval. La profiler ouvrit la fenêtre de l'endroit froid qu'était sa cachette afin que les rayons du soleil ne vienne éclairer la pièce presque vide, elle referma son ordinateur et de nouveau elle se plongea au milieu d'une pile de paperasse. Lire était quelque chose qu'elle aimait depuis l'enfance, c'était ce qui lui permettait de s'échapper et même si ici il s'agissait de lire les quelques notes d'un vieux rapport de police concernant l'enlèvement d'un petit garçon. Cette simple lecture avait réussi à lui faire oublier qu'elle souffrait tellement qu'elle en avait envie de se tirer une balle chaque matin.
Lourdement son corps tomba sur sa chaise, papiers usés entre les doigts, elle se mordillait la minime parcelle de peau qu'était sa lèvre inférieure tandis que la porte de son bureau claqua si fort que le miroir qui se trouvait à côté avait faillit se briser. Dans une gestuelle lourde et lente, Blondie releva son visage pour apercevoir la silhouette et la tignasse brune de Rebecca. «Quel plaisir de voir que tu es encore en vie, Gen!» Genesis se leva maladroitement tout en déposant ses papiers sur son bureau. Que pouvait-elle répondre à cela ? Lui dire qu'elle était désolée d'être ce qu'elle était, lui dire qu'elle ne pouvait pas comprendre ? Tout ce qui pouvait sortir de sa bouche à cet instant n'allait être que du poison pour cette relation qu'elle affectionnait tant. De toute façon la brune ne lui laissa pas le temps de répliquer quoi que ce soit, enfonçant ses griffes encore plus profondément dans l'âme de la blonde. «La prochaine fois que tu te prends une balle pour sauver un stupide trafiquant, j'aimerais avoir un peu plus qu'un texto!» Les yeux de Genesis ne quittaient pas ceux de Becca. Elle avait mal, affreusement mal à cet instant. Elle pouvait voir le visage de Rickon, si seul, si torturé se mêlait à celui de sa meilleure amie, elle si douce, si calme, si drôle. Becca était importante, bien plus important qu'elle ne pouvait le sous-entendre à cet instant avec ces mots violents et douloureux. Ce qui faisait le plus de mal à Genesis c'était bien de voir à quel point ses actes pouvaient toucher son entourage. Eux. Ces êtres qui ne savaient pas que pour tuer le poète, elle devrait y laisser la vie. Froide, glaciale, elle toisa son amie souhaitant clarifier quelques points. «-J'ai eu tord. Mais j'ai mes raisons et arrêtes de parler de lui de cette façon Becca, viens t'asseoir et calmes toi s'il te plaît.» Son âme lui hurler d'arrêter, qu'elle se faisait du mal autant qu'elle lui en faisait, elles avaient déjà vécu tellement d'épreuves, elles ne pouvaient pas se torturer de cette façon. Toutefois, la colère de Becca était tellement forte qu'elle pouvait prédire une crise d'asthme si cette dernière ne cessait pas de hurler de cette façon. Bien plus dérangeant, les personnes avec qui elle travaillait ne cessaient pas de s'arrêter devant la porte de son bureau. Genesis poussa froidement la porte de la paume de sa main et ce fût Becca qui de nouveau coupa ce silence qu'elle aimait tant. « Non, tu sais quoi?! La prochaine fois, laisse cet enfoiré prendre la balle qu'il mérite! » Le coeur de la profiler loupa un battement, se souvenant du sang de Rickon qui avait coulé à cause d'elle, elle se souvenait de ses doigts chauds entourant son visage lorsque sa propre vue se brouiller. Et ça avait été lui qui gisait au sol ? Est-ce qu'elle en serait morte de chagrin comme à l'instant où les mots de sa meilleure amie s'abattaient sur elle telles une multitude d'enclumes qui lui exploser les os lentement.
Genesis se positionna face à la brune aux yeux azurs, face à cette femme qui l'avait soutenue autrefois, face à cette enfant qui avait été son pilier si longtemps. Elle ne voulait pas la perdre, elle ne voulait pas le perdre. Alors quoi ? Elle devrait tout simplement oublier les deux, l'un ou l'autre ? Elle devrait de nouveau fermer son coeur aux autres. Cette fois-ci la voix de Genesis laisser entrevoir une certaine colère. «-Becca ! Tu n'as pas le droit de dire ça, tu n'as pas le droit de dire que tel ou tel personne mérite la mort...la prochaine fois, je referais la même chose.» Blondie ne regrettait pas ses mots, elle regrettait la façon violente dont elle les avait prononcés, parce qu'elle n'aimait pas faire souffrir Rebecca, la faire souffrir revenait à se faire du mal elle-même. Elle aurait aimé s'excuser pour le fait qu'elle l'évitait, mais elle n'y arrivait pas. Cela avait toujours été ainsi, elle l'incapable sentimentale. «Bon sang, Gen! Tu ne peux pas risquer ta vie pour les beaux yeux du premier trafiquant que tu croises. Lui, il ne l'aurait certainement pas fait pour toi! Tu crois que tu peux nous faire ça, juste joué avec ta vie comme tu le fais? Tu as pensé à Adriel? À quel point il aurait été démoli si tu n'avais pas survécu? À Lukas? Même à Liam! À ceux qui tiennent à toi? Ça t'arrive de réfléchir avant de faire des trucs stupidement héroïques? » Genesis avait envie de hurler, de pleurer, de se jeter par la fenêtre tant tout était trop douloureux à cet instant. Effectivement elle n'avait pas pensé à Liam, ni à Adriel, ni même à son neveu et encore moins à Rebecca, à l'instant où elle s'était jetée sur cette balle elle se souvenait simplement qu'elle était heureuse. Pleinement heureuse comme elle ne l'avait jamais été jusqu'à maintenant. Elle se souvenait qu'elle avait compris que sa vie ne lui importait pas, ou plus. Le plus triste dans cette histoire, c'était bien sûr ceux qu'elle aurait laissé derrière elle et égoïstement, elle ni avait pas pensé parce qu'elle ne pensait qu'à lui. Genesis observa son amie pendant de longues secondes, elle la connaissait, mieux que personne et inversement, alors elle la serra doucement dans le creux de ses bras. Son visage pâle s'était enfouie dans la chevelure brune de la jeune femme. Genesis lui murmura simplement des mots qu'elle avait jadis répété. «-Becca, calme toi, s'il te plaît.» Elle resta sans rien dire, laissa son amie reprendre son souffle. Bien sûr, elle était en colère contre elle pour les mots qu'elle prononçait au sujet de Rickon, mais elle-même réagissait de la même façon.
Elle serra un peu plus son étreinte, contacte physique rare chez Genesis lorsqu'on la connaissait. Et après de longues secondes de silence, elle se détacha doucement de Becca et la tira doucement jusqu'au petit canapé qui venait d'être installée. Genesis, toutefois, resta debout. «-Maintenant que tu es calme et que tu ne risques pas toi aussi de finir à l'hôpital, je veux te dire que j'ai été égoïste, je n'ai pas pensée à Liam, ni à Adriel, ni à Lukas, ni à toi, mais j'étais en mission, je venais d'abattre une petite fille de douze ans à qui on venait d'arracher ses organes. Il était là, il a risqué sa vie pour moi, il m'a dit que je ne serais pas seul, le laisser mourir ça aurait été injuste, je ne voulais pas. Et aussi dur que ça peut être pour toi de l'entendre, je le referais.» Genesis se laissa tomber lourdement sur le canapé. Ses prunelles se plongèrent dans celles de son amie. Elle avait cette envie déchirante de pleurer à chaud de l'arme comme cette petite fille qui avait eu peur du loup caché sous son loup. Loup devenait ce qui la définissait le mieux. Elle laissa ses doigts se poser sur la main de Rebecca et d'une voix faible et étrangler elle murmura. «-Je...c'est Rickon qui m'a sauvé des griffes du poète, alors s'il te plaît ne dit pas qui mérite la mort, ne dit pas qu'il risquerait sa vie pour moi. Il m'a lui-même dit qu'il n'aurait pas dû me sauver si ça avait été pour me voir me prendre une balle pour lui.» Et cette phrase, ces mots, cette froideur, c'était ce qui lui avait ouvert le coeur, elle ne comprenait pas cet homme. Elle ne le comprendrait certainement jamais et pourtant, elle ne pouvait se résoudre à l'oublier, l'ignorer, lui qui frappait si fort contre la muraille qu'elle s'était construite. Puis, elle pensa à cette nuit, où il l'avait sauvé, elle se souvenait des doigts chauds de Rickon, doigts qui étaient opposés à ceux du poète lorsqu'il caressait sa peau en plongeant ses yeux sombres et vicieux. Elle pensait à cet instant où il avait enfoncé cette lame brûlante entre ses omoplates, il sifflait, elle hurlait à en mourir et puis elle avait sentit cette odeur rassurante, cette voix rauque, cette phrase '' Tiens le coup, je suis là.'' depuis oui, elle tenait le coup, elle vivait par procuration. «-C'était horrible Becca, horrible et cette nuit-là il était là...il m'a dit de tenir le coup. C'était lui...et pourtant, pourtant...je ne sais pas, je ne sais plus...» Elle baissa son visage, retenant les larmes qui ne demandaient qu'à couler doucement. Alors, oui, elle s'en voulait, oui elle aurait dû penser à eux, mais cette nuit là, il était là, cette nuit là encore une fois, elle ne pouvait pas se résoudre à oublier Rickon, pas plus qu'elle ne pouvait oublier Rebecca.
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Sujet: Re: I can't live in a fairytale of lies • Genesis Jeu 5 Juin - 18:17
lieu ◈ Genesis H. Slyfiter & Rebecca L. Carver
I can't live in a fairytale of lie
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e l’observai avec une attention particulière, derrière les larmes que je retenais derrière mes paupières. J’observai ce visage que j’affectionnais tant, comme si j’espérais qu’il reprenne ces airs enfantins. Ces yeux d’un bleu si clair qu’ils semblaient gris sous la lumière froide du bureau en disaient long sur la douleur qu’elle ressentait, mais pour une fois, je n’y faisais pas attention. Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi aveugle à la douleur de ceux qui m’entourent. Cela faisait des années que je m’étais mes émotions en veille, principalement parce que je me savais trop faible pour les gérer. Chaque fois, ça finissait en crise d’asthme. La dernière fois que j’avais laissé cette douleur prendre le dessus, c’était la nuit où Genesis m’avait annoncé avoir trouvé le meurtrier de ma mère. Aujourd’hui, c’était différent. J’avais eu peur de perdre Genesis, je n’avais pas voulu la voir dans ce lit d’hôpital, les yeux clos, la peau blafarde, je n’avais pas voulu la perdre. Elle était ma seule famille restante. Elle et Adriel. Par moment, je me demandais si elle le comprenait, si elle le savait. Elle était beaucoup plus qu’une amie pour moi, elle était une bonne partie de mon univers et bien qu’elle ne semble pas s’en soucier, je ne survivrais pas si je devais la perdre. Je l’observai avec une colère dévorante, avec une douleur assassine. Une colère qui peu à peu, empêchait l’air de se rendre dans mes poumons. Quand est-ce que les choses ont changé aussi brutalement? Qu’en est-ce que nos relations ont pris un tel tournant? En étais-je la responsable? Étions-nous simplement trop abîmés pour continuer sur cette voie? Était-ce le prix à payer pour avoir fait comme si ma vie était normale et sans embûche pendant toutes ces années?
Je savais que je n’avais aucun droit de l’attaquer de la sorte, que je ne pouvais pas lui reprocher d’avoir sauvé la vie de quelqu’un alors que j’avais, moi-même, bien des choses à me reprocher. J’avais toujours été là pour elle, j’avais toujours fait de mon mieux pour l’aider à traverser les horreurs que la vie s’amusait à lui lancer sans ménagement. Je n’avais pas été totalement honnête cependant. Je ne lui avais jamais parlé de ce que je ressentais pour Adriel, sachant que ces sentiments étaient une chose néfaste pour notre amitié. Je lui reprochais néanmoins la même chose. Ce qu’elle pouvait ressentir pour Rickon, ce que je pensais qu’elle ressentait pour lui. Il n’en restait pas moins que je ne pouvais pas fermer les yeux sur le fait qu’elle avait mis sa vie en danger sans se soucier des conséquences, sans même se justifier auprès de ses proches, comme si nous n’étions rien d’autre que des figurants dans son monde. Elle avait préféré vivre dans ce bureau, éviter tout contacte avec moi ou ses frères, comme si, soudainement, elle nous avait supprimés de sa vie sans nous aviser d’avance. «-J'ai eu tord. Mais j'ai mes raisons et arrêtes de parler de lui de cette façon Becca, viens t'asseoir et calme-toi s'il te plaît.» Elle était tout près de moi maintenant, fermant la porte pour empêcher les curieux de nous observer. Ces gens dont je n’avais même pas noté la présence, tant mon esprit était brumeux, ma colère prenant le dessus sur ce qu’il me restait de raison.
Je savais ce qu’elle essayait de faire. Je savais qu’elle tâchait de me calmer afin d’éviter la crise d’asthme qui pointait le bout de son nez. « Je ne suis pas malade. Je n’ai pas besoin de me calmer ou de m’asseoir.»lâchais-je d’un ton qui manquait cruellement de conviction. Depuis le début, c’était un sujet délicat chez moi, une touche sensible qui me rappelait que je pouvais prétendre autant que je le voulais, je n’étais pas aussi intouchable que je le prétendais. C’était la preuve tangible et physique que je n’étais pas aussi forte que je l’avais voulu. C’était après la mort de ma mère que j’avais cessé de soigner cet asthme, c’était après ce meurtre qui avait changé ma vie à jamais que je n’avais fait rien d’autre que prétendre que je n’avais aucun problème de santé. Je n’avais pas été capable d’être suffisamment forte pour aider la femme qui s’était occupée de moi toute ma vie, je n’avais pas été capable de la protéger. Alors, j’avais mis ces inhalateurs dans un tiroir et j’avais prétendu être capable de vivre sans, comme pour me punir de n’avoir rien fait. Bien consciente que je n’étais qu’une enfant à l’époque. Mais ça ne changeait rien, n’est-ce pas? Ça ne changeait pas le fait que j’avais été impuissante, que je n’avais pas pu la protéger. Comme je n’avais pas pu protéger Genesis du Poète, comme je n’avais pas pu l’aider lorsqu’elle s’était pris cette balle. Encore une fois, je n’étais rien d’autre qu’inutile et impuissant. Comme je l’avais toujours été face à la douleur de mon amie.
La blondinette se planta finalement devant moi, dardant ses prunelles dans les miennes et je dû relever légèrement la tête pour la toiser à mon tour. Elle me dominait de toute sa hauteur, moi qui avait toujours été plus petite qu’elle, je n’avais rien du physique de rêve de mon amie, c’était un fait. Pourtant, ce n’était pas sa beauté froide qui me frappa à cet instant. C’était le déchirement dans ses yeux, la douleur qui s’émanait d’elle petit à petit. «-Becca ! Tu n'as pas le droit de dire ça, tu n'as pas le droit de dire que tel ou telle personne mérite la mort...la prochaine fois, je referais la même chose.» Ses mots firent mal. Non, son ton me fit mal. Ce fut comme des centaines de petits morceaux de verre qui s’enfonçait dans ma chair. J’enfonçais mes ongles dans ma peau pour m’empêcher de scille, pour m’empêcher de lui tourner le dos, pour m’empêcher de dire quelque chose que je regretterais davantage. Je savais que cette dispute avait besoin d’éclater, que sans elle, nous ne pourrions pas avancer, sans excuse, sans explication, je ne pouvais pas avancer, nous ne pouvions recommencer à vivre sous le même toit. Par le fait même, ça devait être moi qui l’amorce, sachant que Genesis me fuirait facilement pour les trois prochains mois si elle le jugeait nécessaire. Elle avait raison cependant. Je n’avais pas le droit de décider qui devait vivre ou mourir. Tout ce que je savais, c’était que je ne voulais pas la perdre parce que mademoiselle ne voulait pas laisser quelqu’un d’autre mourir. Elle n’avait simplement pas le droit de mourir, aussi égoïste cela pouvait-il paraître. « Et tu n’as pas le droit de nous abandonner comme ça! »Mon ton était tremblant, alors que mes larmes menaçaient de rouler sur mes joues.
Mes bras se serrèrent un peu plus contre ma poitrine alors que ma respiration devenait plus laborieuse suite à ma tirade. J’avais voulu lui cacher ma détresse respiration à ce moment précis, faire comme si tout allait bien. Du moins, physiquement. Je savais que ça ne fonctionnerait pas. Je savais que Genesis me connaissait trop bien pour que le subterfuge fonctionne. Combien de fois elle avait vu ses crises arrivées avant même que j’en démontre les premiers symptômes? Comme si elle savait lire à travers moi, comme si elle savait quand mes poumons commençaient à brûler, quand l’air devenait rare. Comme si elle le sentait. Cette fois-ci ne fit pas exception à la règle et malgré notre dispute, sa douleur, ma colère, elle m’encercla de ses bras, me serrant contre elle. «-Becca, calme toi, s'il te plaît.» Déliant mes bras, je les passai autour de la taille de mon amie, nichant ma joue contre son épaule, les yeux clos. Pendant un moment, un long moment, je ne bougeai pas, me concentrant sur la respiration de la blonde, obligeant la mienne à la suivre, aussi douloureux cela pouvait être. Ma respiration sifflante redevint peu à peu plus stable, plus régulière, sans pour autant être moins douloureuse. Puis, je laissai la blonde s’éloigner et me guider jusqu’au sofa où elle m’installa, comme si j’étais sa petite poupée, une chose fragile et délicate. «-Maintenant que tu es calme et que tu ne risques pas toi aussi de finir à l'hôpital, je veux te dire que j'ai été égoïste, je n'ai pas pensée à Liam, ni à Adriel, ni à Lukas, ni à toi, mais j'étais en mission, je venais d'abattre une petite fille de douze ans à qui on venait d'arracher ses organes. Il était là, il a risqué sa vie pour moi, il m'a dit que je ne serais pas seule, le laisser mourir ça aurait été injuste, je ne voulais pas. Et aussi dure que ça peut être pour toi de l'entendre, je le referais.» Je l’écoutai, immobile, les yeux dans le vide. Bien que je ne veuille pas connaître les détails de cette scène macabre, je savais qu’elle avait besoin d’en parler. Il aurait été incorrect de ma part de lui demander des explications sur les évènements qui avait failli y couter la vie et lui demander de censurer certaines parties de l’histoire. Après tout, j’avais vu, j’avais écrit, sur des scènes de crimes tout aussi horribles que celle qu’elle me décrivait. C’était peut-être le fait qu’il s’agisse de Genesis dans ce monde morbide et hideux qui me soulevait le cœur.
Sa main se posa sur la mienne et je n’hésitai pas à tourner le poignet pour serrer ses doigts dans les miens, comme pour lui donner la force de continuer son récit. Sans prononcer un mot de plus, cependant. «-Je...c'est Rickon qui m'a sauvé des griffes du poète, alors s'il te plaît ne dit pas qui mérite la mort, ne dit pas qu'il risquerait sa vie pour moi. Il m'a lui-même dit qu'il n'aurait pas dû me sauver si ça avait été pour me voir me prendre une balle pour lui.» Je relevai finalement les yeux vers elle à ces mots. C’était Rickon qui l’avait retrouvé? C’était ce trafiquant qui l’avait sauvé d’une mort certaine? J’avais du mal à traiter l’information. Comment avait-il su où elle se trouvait? Comment s’y était-il pris? J’avais une centaine de questions en tête à ce moment précis, mais je n’en posai aucune. Ce n’était pas le moment. Puis, les réponses à ces questions, je les trouverais bien toute seule. Je ne pouvais pas aisément poser ces questions à Genesis sans lui dire que je cherchais la piste de cet assassin depuis des mois déjà. Je sais qu’elle le prendrait mal. «-C'était horrible Becca, horrible et cette nuit-là il était là...il m'a dit de tenir le coup. C'était lui...et pourtant, pourtant...je ne sais pas, je ne sais plus...» Je levai ma main libre pour caresser sa joue dans un geste affectueux, avant de l’attirer à moi pour la serrer dans mes bras, déposant un baiser dans ses cheveux blonds, lui donnant ainsi la permission de pleurer, de laisser ses larmes couler. Je n’irais nulle part. « Je suis désolée, vraiment désolée.» Mais désoler de quoi exactement? D’avoir hurlé, de lui avoir fait mal? De ne pas avoir été là pour elle. Sans doute tout cela à la fois.
Peu à peu, alors que je caressai ses cheveux d’une façon maternelle, je sentis la culpabilité s’installer au creux de mon estomac, quelque chose d’amer et de vil, qui me donna la nausée. « Mais tu n’avais pas le droit de nous éloigner de ta vie comme tu l’as fait, tu n’avais pas le droit de faire comme si nous ne pouvions pas être blessé par des actes, par des mots, par ton héroïsme stupide et suicidaire. Tu ne peux pas passer ta vie à faire comme si tu n’as pas mal, comme si tu ne ressens rien Genesis.» Pourtant, je le faisais, moi, non? D’une façon bien différente de la sienne. Je ne me refermai pas, au contraire, je faisais comme si je vivais dans un monde intouchable, sans souffrance, sans souvenir douloureux, alors que c’était faux. Je l’éloignai de moi, posant mes deux mains sur ses épaules pour la regarder dans les yeux, inspirant un bon coup avant de reprendre la parole, l’air brûlant toujours dans mes voies respiratoires, résultat de cette crise avortée par le réflexe de Genesis. « Je lui suis reconnaissante de t’avoir sauvé du Poète, Gen, vraiment, mais je ne l’aime pas pour autant cet id… ce Rickon. Je ne peux pas juste faire taire mon instinct parce que tu me le demandes. »Surtout que mon instinct avait trop souvent raison pour que je fasse quelque chose d’aussi stupide. J’observai mon amie un moment, me mordillant la lèvre, hésitante. « Est-ce que…. Est-ce que tu l’aimes?»
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Sujet: Re: I can't live in a fairytale of lies • Genesis Ven 6 Juin - 13:35
Becca & Gen
I can' live in a fairytale of lies
La souffrance qui les unissait, c'était quelque chose de fort, bien plus fort que l'amour ou la haine, ce désespoir qui s'était niché aux creux de leur coeur lorsqu'elles étaient enfants, lorsqu'elles étaient innocentes, à l'époque elles rêvaient toute deux d'être des princesses, elles rêvaient de ce beau chevalier qui galoperait jusqu'à elles pour les emmener dans leur grand château. Au lieu de ça, ce fut l'horreur la plus atroce, les mensonges humains, le sale, le sang et la peur qui avaient fait d'elles ce qu'elles étaient aujourd'hui. À la fois différentes et semblables sur bien des points, l'une vivait ce drame en portant ce masque de joie, ces sourires qui se dessinaient chaque matin afin d'oublier l'horreur d'avoir été impuissante. L'autre ne faisait que marcher tel une carcasse vide, enfermant son coeur, ses sentiments sous un masque froid...presque cruel. Et pourtant, elles se soutenaient, elles s'aimaient, elles prenaient soin l'une de l'autre parce qu'elles n'avaient pas été assez forte pour sauver les autres, elles se punissaient en n'essayant pas de se sauver elles-mêmes. La blonde souffrait atrocement de cette situation, mais elle savait que tout cela était nécessaire pour leur amitié, pour l'amour familiale qu'elles se portaient l'une à l'autre. Néanmoins ça n'empêchait pas sa poitrine de brûler comme-ci on lui avait jeté un baril d'essence en plein visage avant de l'allumer pour la punir. Parce que Genesis n'avait pas été assez forte pour faire face au regard de sa meilleure amie, parce qu'elle-même était perdue, elle n'avait pas eu envie de devoir subir la tornade de mots qui s'étaient accumulés au fil des jours où elle était restée silencieuse. Le mutisme et son incapacité à se sociabiliser, à exprimer ses sentiments faisaient d'elle une bête noir solitaire qui préférait la compagnie des morts plutôt que des vivants.
Paradoxalement, elle avait toujours eu besoin de Rebecca, quand bien même elle ne le montrait que rarement, si ça avait été sa meilleure amie qui s'était retrouvé sur ce lit d'hôpital elle en aurait été morte de chagrin, elle aurait certainement frapper quelqu'un jusqu'à ce que mort s'en suive. Elle avait peur de ses propres réactions, de ce mal qui parcourait ses veines et la dévorait petit à petit chaque jour, elle avait peur de toute cette tristesse accumulée depuis des années. Adriel et Becca étaient cette parcelle d'humanité qui la reliait au monde des vivants et pourtant, elle ne voulait pas, elle ne voulait pas faire tomber son mur si solide, parce qu'elle ne pouvait pas se permettre d'être faible. Sur les frêles épaules de Genesis reposait le poids de la vengeance, l'amertume d'une famille éclatée en mille morceau, chaque jour, elle essayait de recoller les morceaux, mais chaque jour elle se rendait compte qu'elle se coupait bien plus le coeur qu'autre chose. Et chaque fois que Becca essayait de pousser doucement la porte de son coeur, Genesis ne faisait que la repousser encore plus fort, parce que c'était elle qui devait les protéger et pas l'inverse. Elle qui n'avait ni réussit à sauver ses parents et son frère, ni réussit à trouver le courage de s'interposer face à sa tante lorsqu'elle a envoyé Liam loin d'elle. Elle qui avait laissé le silence s'installer entre les deux jumeaux et pilier de sa vie. Elle qui n'avait jamais réussi à soigner la douleur de Becca parce que trop froide, trop distante, trop brisée. Elle qui n'avait pas réussi à sauver cette gamine baignant dans cette marre de sang.
Elle avait pensé, que seule, elle réussirait à avoir les idées claires, à ne plus revoir les cadavres putréfiés de ses parents, oublier ces cauchemars qui la faisaient hurler au milieu de la nuit comme une damnée, elle pensait que fuir et s'enterrer dans les abysses c'était quelque chose de plus facile, quelque chose qui lui correspondait plus que la lumière que Becca lui apportait chaque jour. Elle tremblait et pourtant ne réalisait pas que des larmes ne demandaient qu'à s'exprimer. Elle n'en voulait pas à Rebecca, elle n'en voulait pas à Rickon, elle s'en voulait d'être encore en vie sur cette planète où elle n'avait plus sa place parce que trop tordue, trop difforme était son âme. Instinctivement, comme-ci sa meilleure amie avait ressentit cette douleur silencieuse, mais néanmoins lacérante, comme-ci elle aussi pouvait sentir son coeur qui s'était écartelé doucement, elle tira doucement la blonde contre elle. Les mains tremblante de Genesis agrippèrent doucement la veste de la brune, serrant ce tissu comme elle aurait aimé serrer son coeur entre ses mains pour le détruire en mille morceau. Elle s'accrochait à elle comme-ci sa vie en dépendait et elle cachait son visage fatigué dans le creux chaud du cou de Becca. Elle aurait aimé s'endormir à cet instant et ne plus jamais se réveiller. Et bien que sa meilleure amie déposa un baiser tendre et maternelle sur le haut du crâne de la profiler, elle se mordit si fort la langue pour ne pas laisser passer ses larmes. Le goût du sang, goût qu'elle liait depuis l'enfance à de la rouille, glissait le long de sa gorge. « Je suis désolée, vraiment désolée.» Désolé ? Elle était désolée de quoi ? D'être ce qu'elle était ? De s'inquiéter pour la femme qui ne méritait pas qu'on s'inquiète pour elle ? Genesis sentait la culpabilité qui s'ajoutait lourdement sur ses épaules, mais toutefois, elle ne pipa pas un seul mot. Parce qu'elle savait que tout ce qu'elle dirait à cet instant ne serait qu'horreur contre sa propre personne et elle savait que les mots qu'elle pensait d'elle-même feraient souffrir sa meilleure amie. Lui dire qu'elle avait été heureuse pleinement que lorsqu'elle avait cru mourir aurait été injuste, parce qu'elle-même n'aurait pas supporté l'image de Rebecca souhaitant mourir et quitter cette terre. Laissant à Genesis qu'un appartement vide et les souvenirs de ses éclats de rire.
Genesis huma son parfum fleurie afin de reprendre ses esprits et son calme, car c'était tout son corps qui était en proie à des tremblements, ces mêmes tremblements qui l'entouraient de part en part après un mauvais rêve. Elle se concentra sur les douces caresses de Becca. Et à cet instant, Genesis pensa qu'elle ferait une bonne mère, certainement meilleure mère qu'elle ne serait jamais. Elle aurait aimé voir Becca avec un homme qui la comblerait, qui la rendrait heureuse et lui rendrait la part d'humanité qui s'était envolé parmi la douleur et la mort. À cet instant, elle comprenait à quel point elle était égoïste, à quel point elle avait eu tord, elle aurait dû lui parler, lui confier sa douleur et lui faire part de cette brume sombre qui l'entourait depuis que les mots de Rickon l'avaient transpercés et mise à terre. « Mais tu n'avais pas le droit de nous éloigner de ta vie comme tu l'as fait, tu n'avais pas le droit de faire comme si nous ne pouvions pas être blessé par des actes, par des mots, par ton héroïsme stupide et suicidaire. Tu ne peux pas passer ta vie à faire comme si tu n'as pas mal, comme si tu ne ressens rien Genesis.» C'était une mélodie, une chanson d'amour qui réchauffait le coeur de Genesis et le déchirait aussi, car elle avait fait le choix de sacrifier sa vie pour tuer l'homme qui lui avait tant de mal, elle avait toujours pensé que sa disparition serait moins douloureuse que son existence. Becca touchait le point sensible de Genesis avec ses mots, elle appuyait sur cette cicatrice de toutes ses forces et la faisait saigner. Elle avait toujours fait ça, faire semblant de ne rien ressentir, même avec eux et aujourd'hui, elle comprenait qu'elle pouvait encore souffrir, que le pire n'était pas derrière elle, elle comprenait qu'il avait fissuré ce mur de glace avec ses mots et Becca ne faisait que cogner encore et encore afin qu'elle ne lâche, qu'elle ne s'écroule une fois pour toute pour mieux se relever. Dans un souffle faible et de sa voix tremblante d'émotion elle ajouta, tout en serrant un peu plus fort ce tissu qui la maintenant sur le fil de la réalité. «-Je suis désolé, je n'ai pas réfléchi, si ça avait été toi je pense que je serais morte de douleur, Becca tu sais que tu es l'amie, la famille, cette réalité qui me tient encore en vie et qui me permet de sourire. Pourtant, je ne peux pas revenir d'entre les morts, je n'y arrive pas et lui...il m'a fait comprendre que j'étais encore capable d'être en colère au point de pleurer. » Parce qu'elle se souvenait de ces larmes chaudes qui avaient roulé sur ses joues froides, elle se souvenait de cette douleur presque insupportable lorsqu'elle l'avait entendue. Elle savait qu'elle avait fait preuve d'égoïsme en mettant de côté sa famille, mais Rickon lui avait bousiller son cerveau bien pensant et si méthodique pour y introduire des sentiments qu'elle ne voulait pas, qu'elle ne pouvait pas avoir.
Les frêles mains de sa meilleure amie se posèrent sur Genesis et si Becca lui avait toujours semblé plus fine, plus petite, plus fragile comme ces petits oiseaux qui tombaient trop tôt de leur nid. À cet instant, elle avait l'impression que son amie était plus forte, plus grande et ça lui faisait mal de voir à quel point bientôt elle n'aurait plus besoin de Genesis, parce que contrairement à elle, elle continuait de marcher sur des bouts de verres par pur sadisme inconscient. Elle se laissa faire, relâchant doucement l'emprise qu'elle avait sur la veste de son ami, contrôlant cette boule douloureuse qui s'était logé au fond de sa gorge. Et elle de son regard azur, elle essaya de sonder celui de son amie. Qu'allait-elle dire ? Qu'allait-elle faire ? Elle ressemblait à une enfant qui venait d'être prise en flagrant délie de vol. « Je lui suis reconnaissante de t'avoir sauvé du Poète, Gen, vraiment, mais je ne l'aime pas pour autant cet id... ce Rickon. Je ne peux pas juste faire taire mon instinct parce que tu me le demandes. » Le regard Genesis s'était emplie de tendresse maternelle.
Elle eut envie de la prendre de nouveau dans ses bras, de la remercier d'être là, de la remercier de vieller sur elle comme une mère le ferait. Et, elle se sentait si sale, si dégoûtante, si en colère à cet instant. Parce qu'elle s'imaginait ce qu'elle aurait ressentit si Becca traîner avec un homme si peu fréquentable d'apparence, elle aussi aurait été réticente et pourtant, son coeur voulait hurler à qui voulait l'entendre que Rickon n'était pas un monstre, qu'il était tout ce qu'elle pouvait désirer dans ce monde. «-Je peux comprendre ce que tu me dis, mais j'aimerais tellement te montrer, te prouver qu'il n'est pas ce vaurien que tu crois qu'il est...il est simplement seul... » Genesis, la petite fille qui adoptait tous les chiens errants de son quartier, qui les soignait et les nourrissait, elle avait toujours eu un faible pour les êtres tordus et mal dans leur peau, peut-être que tout cela avait commencé avec Liam. Liam le frère instable et fusionnel, mais elle se souvenait qu'avant d'avoir voulu réparer le coeur de Rickon, avant d'apercevoir cette solitude dans son regard, elle l'avait d'abord admiré pour sa force et son charisme. Lorsqu'elle avait onze ans et qu'il la regardait de loin comme-ci poser ses yeux sur la petite chose brisée qu'était Genesis lui était interdit. Genesis posa une main sur sa poitrine, serrant son débardeur de toutes ses forces. C'était trop difficile de retenir les larmes qui ne faisaient que cogner contre ses paupières fatiguées. Et puis la foudre s'était abattu sur la tête de Genesis. « Est-ce que.... Est-ce que tu l'aimes?»
Les mots de Becca sifflaient dans les oreilles de la blonde. Elle détourna son regard, paniqué, peureuse de ses propres sentiments, la folie s'incrusta lentement dans ses pupilles. Les souvenirs de Rickon se superposaient par étayages, elle se souvenait de la première fois où elle lui avait ouvert la porte lorsqu'elle avait onze ans et ce regard éteint de vie, elle se souvient de la lueur qui lui avait inspiré la force. Elle se souvenait de cette nuit où il l'avait trouvé en pleine fugue, elle se souvenait de ses regards insistants lorsqu'elle rendait visite à Liam au Black Mambo. Et puis, elle se souvenait de cette nuit d'horreur où ses doigts chauds la maintenaient en vie, où sa voix semblait être celle du paradis, elle se souvenait que dans l'ombre il était ce papillon de nuit qu'elle rêvait d'attraper. Et elle se souvenait de ce qu'elle avait ressentit lorsqu'il avait attrapé son poignet pour lui dire qu'il la sauverait et de l'envie qu'elle avait eu de s'effondrer dans le creux de ses bras. Le sourire qu'il avait eu lorsqu'elle était sortie de son coma de neuf jours. Et la douleur qu'il lui avait infligé lorsqu'il avait dit qu'il n'aurait pas dû la sauver. Elle savait qu'il finirait par disparaître et qu'elle n'arriverait pas à le retenir parce que si elle s'avouait à elle-même qu'elle l'aimait à en suffoquer, à en crever, elle le perdrait, elle se noierait dans la crainte de le perdre et elle avait déjà du mal à nager au milieu de cette peur lorsqu'il s'agissait de Becca et ses frères. Genesis ne contrôlait plus son rythme cardiaque, ni les tremblements qui lui brûlaient les cordes vocales. «-Je....Je t'aime Becca, tu sais que je donnerais ma vie pour Adriel, pour toi, pour Liam, c'est pour ça que je refuse de faire revivre mes sentiments, je ne veux rien ressentir parce que si je vous perdais j'en mourrais...cette fois-ci je ne me relèverais pas...mais lui... » La blonde serra son propre corps, se recroquevillant de douleur, cette fois-ci elle pleurait, elle pleurait comme une enfant qui aurait perdu sa mère au milieu d'une foule abondante. Elle pleurait comme l'enfant à qui on venait de voler son jouet favoris, elle pleurait pour la seconde fois en un mois. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pleurer à ce point, des années, elle, l'enfant qui n'avait pas réussi à verser une seule larme à l'enterrement de sa famille, choquant les gens présents par son insensibilité. Aujourd'hui, elle pleurait parce qu'elle repensait aux mots douloureux que lui avait prononcé Rickon. Au mensonge qu'elle lui avait sortit en lui disait qu'elle n'avait pas besoin de lui, alors que sans lui elle mourrait encore une fois. Au milieu de sanglots, elle bafouilla. «-Je ne peux pas me résoudre à être loin de lui, à penser qu'il puisse partir ou pire mourir, je ne veux pas le perdre...depuis que j'ai onze ans je l'aime Becca, je l'aime à en suffoquer, je l'aime au point qu'il me manque même lorsqu'il est à côté de moi et tu sais ce qui me fait le plus mal ? »
Elle releva son visage, humidifié par les larmes et les joues rougies par ses propres émotions. Elle cherchait un peu d'aide autour d'elle, sentait l'air lui manquer, sentant son corps qui perdait toute son énergie et son coeur qui était dans une phase d'automutilation. Elle plongea son visage dans le creux de ses mains, ne se souciant plus de l'image pitoyable qu'elle renvoyait à son amie, d'une voix étouffée par le creux de ses mains, elle murmura. «-Ce qui me fait mal c'est que je sais que c'est mal, que je n'ai pas le droit de l'aimer, mais qu'en même temps j'ai si peur que le poète ne me l'enlève, car il me l'a dit, il me prendrait celui qui fera revivre mon coeur. Ce qui me fait mal c'est que Rickon finira par m'abandonner je le sais, je suis si tordue si malsaine, si difforme. Ce que me fait peur c'est que je ne veux pas choisir entre vous et lui. Ça me fait si mal de l'aimer, de ne pas réussir à faire semblant de ne rien ressentir face à lui, ce n'était pas toi que je fuyais, c'était mes propres sentiments. Je me sens si faible. » Elle s'arrêta un instant, enfonçant ses ongles sur son visage si beau, si froid, si doux, si triste. Elle aurait aimé se gratter si fort qu'elle s'en serait certainement arrachée la peau, de nouveau elle sanglotait, comme-ci elle avait des années entières de larmes à rattraper. «-Je suis désolé Becca, je suis vraiment désolé. » Désolé d'être amoureuse du seul garçon qu'elle ne devrait pas aimer, désolé de décevoir sa meilleure amie qui l'idéalisait, désolé de décevoir ses frères qui l'aimaient tant parce que son coeur battait pour un homme depuis des années et elle se l'était caché à elle-même.
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Sujet: Re: I can't live in a fairytale of lies • Genesis Sam 7 Juin - 5:49
lieu ◈ Genesis H. Slyfiter & Rebecca L. Carver
I can't live in a fairytale of lie
And I can’t hide from the feeling cause it’s right.
ongtemps, j’avais espéré pouvoir être sauvée de cet enfer dans lequel je me noyais depuis tellement d’années que j’arrivais à peine à garder la tête en dehors de l’eau. La dure réalité était que je ne pouvais pas être sauvé. C’était impossible. Mon entourage était aussi, sinon plus, abîmé que je ne l’étais. Ce monde dans lequel je gravitais depuis des années n’était rien d’autre d’un abysse froid et noir dont la gravité me tirait inévitablement vers le bas. Vers les ténèbres. Nous n’étions que des fantômes agonisants de ce que nous étions jadis. Nous n’étions rien d’autre que des âmes écorchées vives. C’était cette douleur intarissable, cette détresse mortelle qui faisait de nous ce que nous étions aujourd’hui. Nous nous étions laissé définir par ce mal qui nous rongeait au point où nous ne savions plus qui nous étions sans cette souffrance. C’était ce qui rendait la relation que j’entretenais avec Genesis si particulière, si forte et résistante au temps. Nous avions le même bagage. Un passé similaire en bien des points. Un passé que bien peu de gens pouvaient comprendre. J’essayais pourtant. J’essayais tellement fort d’être quelqu’un d’autre, de ne pas être cette petite chose brisée que j’étais. Alors, je souriais. Alors, je riais. Alors, je vivais. Jusqu’à ce que je me retrouve seule dans mon lit le soir avec mes démons. Jusqu’à ce que les cauchemars de ce drame ne me reviennent en tête. Jusqu’à ce que je me retrouve de nouveau dans ce petit corps d’enfant qui s’amusait à flotter dans la piscine de la maison familiale, retrouvant ses yeux innocents qui avaient vu la scène de A à Z par la baie vitrée de la maison. Et chaque fois, je me réveillais en pleurs, souhaitant oublier. Souhaite rêver à des choses plus heureuses. Bien que je savais que c’était impossible.
Comme il était impossible pour Genesis d’avancer avant d’avoir mis le Poète derrière les barreaux, hors état de nuire. Quelque chose me disait qu’elle n’hésiterait pas à faire souffrir ce salaud comme il l’avait fait souffrir, bien que cette idée me fasse paniquer. Jusque l’idée de l’imaginer prendre le chemin le plus sombre pour recommencer à vivre me donnait la nausée. Je m’étais promis que je ne la laisserais pas perde le reste d’humanité qu’il lui restait. Je m’étais promise de la protégée au risque de ma propre vie, qu’importe si je devais tuer ce tueur moi-même. Bien que je doutais que j’en fusse capable. Contrairement à Genesis, je n’avais pas emprunté le chemin de la dureté et de la froideur pour survivre. J’avais préféré adopter une attitude plus lumineuse, bien qu’il n’était pas rare que mes yeux se perdent dans le vide, contemplant le néant qui m’habitait réellement. Il n’en restait pas moins que je préférais sourire et lancer des plaisanteries idiotes pour arracher des sourires à mes proches, j’avais préféré enfermer ma douleur dans une petite boite, derrière ce qui me restait d’enfance. Quand bien même chacun de mes pas déchirerait ma peau, qu’importe si chaque matin m’arrachait un nouveau cri d’agonie. Je m’efforçais d’avancer dans la vie, d’avoir la vie que ma mère aurait voulue pour moi, même si je ne la méritais pas. Je ne méritais pas cette fin heureuse qu’elle m’ait jadis promise. Celle de ces contes pour enfants qui avaient si souvent bercé mes nuits. Dans ma version, le petit chaperon rouge se faisait massacré par le loup, Blanche-Neige agonisait dans son sommeil éternel sous les rires de cette reine, Peter Pan finissait par grandir. Mais j’avançais quand même. Parce que c’est ce qu’elle aurait voulu.
Dans cette vie immonde qu’était devenue la mienne avec les années, j’avais eu très peu de constantes. Ma mère était morte, mon père était incapable de s’occuper de sa fille unique, je n’avais plus aucune famille, aucun fil auquel me rapprocher. Aucun sauf Genesis. Genesis et Adriel. Ils étaient devenus ma famille, mon monde, mon univers. Je m’étais raccrochée à eux avec une force désespérée, me promettant que je ne les laisserais pas glisser hors de ma portée. J’avais échoué. Lamentablement échouée. Parce que c’était exactement ce qu’avait fait la blondinette pendant ces quelques semaines après la fusillade. Je l’avais laissé s’éloigner de moi, me mettre sur la touche sans réagir, trop effrayée par la dispute imminente, par la douleur que causerait cette discussion cinglante. Non que mon amie avait tendance à me faire part de ce qu’elle ressentait ou ce qu’elle vivait quotidiennement. J’avais appris avec le temps qu’elle était effrayée à l’idée de laisser quiconque voir à travers ses murs. Chaque fois que je m’approchais un peu trop de son cœur, de son âme meurtrie, elle me repoussait. Toujours plus fort. Elle avait installé entre le monde et elle une distance, un fossé, que j’étais incapable de franchir. Encore une fois, j’étais impuissante. Je ne pouvais rien faire d’autre que de la regarder se noyer sans pouvoir m’approcher suffisamment pour lui tendre la main. Je ne pouvais pas sauver Genesis, parce qu’elle ne me laissait pas la sauver. Comme je ne la laissais pas me sauver non plus, bien que je ne la repousse pas de la même façon. Non. Je préférais faire comme si j’aimais la vie que je menais, que je n’avais pas de soucis, pas de douleur, que j’avais finalement accepté ce passé qui était le mien. Alors, voilà. Nous étions dans une impasse. Une impasse que ni une, ni l’autre ne pouvait franchir.
La douleur de Genesis était contagieuse, elle contaminait chaque parcelle de ma peau, chaque respiration que je prenais. Son être en entier tremblait sous cette douleur trop longtemps refoulée et je ne pus rien faire sinon la serrer contre moi, essayant de la calmer, d’étaler un baume sur ses plaies à vif. Elle s’agrippa à moi, comme si j’étais la seule source de lumière dans les ténèbres, comme si j’étais sa bouée de sauvetage dans cet océan de douleur et de monstruosité. Et je la laissai faire. Sans savoir comment réagir face à détresse. Je ne savais pas comment l’aider, comme la soulager, parce que ces moments où la profiler me laissait voir cette partie de son âme meurtrie étaient trop rares pour que je puisse m’adapter. Alors, je la serrai un peu plus fort contre moi, caressant son dos, ses boucles blondes dans ce qui se voulait être des gestes rassurants et doux. Je voulais qu’elle sache que je ne lui en voulais pas d’être faible à cet instant précis, au contraire, elle n’était pas faible. Je savais que pour elle, il lui fallait plus de courage pour exprimer ses sentiments qu’il lui en fallait pour porter son masque de froideur. Quelque part, j’étais heureuse, soulagée qu’elle réagisse comme cela. Ça me prouvait que mon amie n’était pas simplement une coquille vide, que la fillette avec qui j’avais partagé mes premiers jeux était encore là, quelque part, dans le corps de cette femme d’une cruelle froideur. Alors, pendant de longues minutes, je la laissais trembler dans mes bras, me contentant de la bercer doucement, fredonnant une mélodie rassurante et mélancolique, à son oreille, comme je l’aurais fait avec une enfant. Comme je l’aurais fait avec Lukas après un cauchemar.
Je lui laissai tout le temps de se calmer, je lui laissais le temps de mettre ses pensées en mots, sans pousser, sans chercher à lire à travers elle. Elle avait besoin de prononcer ces mots, elle avait besoin d’exprimer son mal pour une fois. Ne pas simplement l’étouffer comme le faisait depuis si longtemps. S’il y avait une chose que j’avais comprise dans la vie, que j’avais apprise à mes dépens, c’est que parfois, pour se reconstruire, il fallait être démoli. Pour se relever, il fallait tomber, s’écorcher les genoux et les mains, se casser tous les os du corps, toucher le fond pour finalement pouvoir remonter, tranquillement et surement. «-Je suis désolée, je n'ai pas réfléchi, si ça avait été toi je pense que je serais morte de douleur, Becca tu sais que tu es l'amie, la famille, cette réalité qui me tient encore en vie et qui me permet de sourire. Pourtant, je ne peux pas revenir d'entre les morts, je n'y arrive pas et lui...il m'a fait comprendre que j'étais encore capable d'être en colère au point de pleurer. » Je me mordis la lèvre, me retenant de dire quelque chose que je pourrais regretter, quelque chose qui pourrait la blesser un peu plus. Je n’avais pas envie d’être celle qui tourne le couteau dans la plaie, celle qui enfonce ses doigts un peu plus dans sa chair meurtrie. Je me contenant de resserrer mon emprise sur elle, posant ma joue contre sa tête qui reposait encore sur mon épaule. Peut-être est-ce que ce trafiquant avait quelque chose de bon finalement, s’il arrivait à faire comprendre à ma meilleure amie qu’elle n’était pas morte, mais bel et bien vivante. Qu’elle était plus qu’une automate.
Lentement, Genesis me relâcha, se redressant légèrement pour m’observer alors que j’assimilais le fait que c’était ce type que je ne connaissais pas et que je détestais déjà qui lui avait sauvé la vie. Quelque part, je devais à ce Rickon le fait de tenir la blondinette dans mes bras à cet instant précis. Il était la raison pour laquelle Lukas avait une figure maternelle dans sa vie, une femme qui pourrait jouer le rôle de mère lorsqu’il en aurait besoin. Ça ne rendait pas l’être plus agréable à mes yeux, ça ne le rendait pas plus aimable. Et ça n’empêchait pas mon instinct de me chuchoter que je devais rester sur mes gardes, qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans cette histoire. Le regarde mon amie se fait plus maternel à son tour, plus doux, son expression montrant quelque chose comme de la reconnaissance. «-Je peux comprendre ce que tu me dis, mais j'aimerais tellement te montrer, te prouver qu'il n'est pas ce vaurien que tu crois qu'il est...il est simplement seul... »Je l’observais, mon expression changeant en quelque chose de plus sombre, mes yeux se rivant au sien avec un sérieux mortel. « Nous sommes tous seuls, Genesis, ce n’est pas pour autant que nous nous versons tous dans les affaires illégales.» Oui. Qui ne s’était pas senti délaissé et solitaire dans cette vie? Elle était bien placée pour savoir que dans ce monde, même lorsque l’on était entouré de gens, on était seul. Même lorsque l’on nous tenait la main, ça ne changeait rien. On était toujours seul face à nos démons, face à notre souffrance. Que Rickon ne soit pas une exception à la règle ne me faisait ni chaud ni froid, à vrai dire.
Je le vis, ce choc que causa ma question chez mon amie. Je vis sa panique, sa peur de ses propres sentiments et se fut suffisant pour comprendre ce qu’elle ressentait pour cet homme qui lui avait sauvé la vie. Parce que quelque part, je ressentais la même chose, la même terreur de m’avouer à moi-même que je ressentais plus qu’un amour fraternel pour quelqu’un, que c’était plus qu’une simple amitié, plus qu’une amourette de jeunesse. Bien que la situation dans laquelle se trouvait Genesis fût bien différente de la mienne, je comprenais ce qu’elle pouvait ressentir, cette panique qui prenait le dessus, son cœur qui s’emballait alors qu’elle pensait à cet homme qui ne pouvait rien lui apporter de bon au final. Je connaissais de Rickon que ce que j’avais lu dans les fichiers de police, que ces histoires qu’Adriel m’avait racontées autour d’un verre de vin. C’était suffisant pour moi. Il n’était pas ce que je voulais pour elle. Il n’était pas assez fort, assez solide, assez bon pour Genesis. Il ne pouvait pas être celui qui la sortirait des ténèbres dans lesquels elle s’était plongée depuis des années. Il ne pouvait pas être ce prince charmant sur sa monture blanche qui lui apprendrait à vivre à nouveau, qui lui donnerait un nouveau souffle. Je n’arrivais pas à me faire à cette idée. Bien avant que la jeune femme ne m’avoue aimer Rickon, je savais déjà la réponse. Je ne pus m’empêcher de passer mes mains sur mon visage devant cette réalisation, essayant de réagir de façon convenable, essayant de ne pas flancher. Pas maintenant alors que Genesis commençait à peine à s’ouvrir à moi.
J’attrapai sa main, la serrant dans la mienne de nouveau, essayant de lui donner le support dont elle avait besoin. «-Je....Je t'aime Becca, tu sais que je donnerais ma vie pour Adriel, pour toi, pour Liam, c'est pour ça que je refuse de faire revivre mes sentiments, je ne veux rien ressentir parce que si je vous perdais j'en mourrais...cette fois-ci je ne me relèverais pas...mais lui... » Je ne fus pas étonnée le moindrement qu’elle évite une question aussi directe, aussi personnelle et lorsqu’elle avait commencé à parler, j’avais cru qu’elle n’y répondrait simplement pas. Bien sûr qu’elle nous aimait, bien que Genesis ne soit pas la personne la plus démonstrative et la plus affectueuse qui soit, il fallait être complètement idiot pour croire le contraire. J’avais la même peur, celle de les perdre également, celle de me retrouver face à leurs morts, bien que je vive cette peur de façon bien différente. Je n’étouffais pas mes sentiments, au contraire, j’essayais de leur montrer que je les aimais le plus possible, parce que je savais qu’un jour il serait trop tard et je n’avais pas envie de vivre avec plus de « et si» que c’était le cas aujourd’hui. Je savais que je ne pourrais pas vivre avec moi-même si je doutais une seule seconde que je ne les avais pas faire sentir important. «-Je ne peux pas me résoudre à être loin de lui, à penser qu'il puisse partir ou pire mourir, je ne veux pas le perdre...depuis que j'ai onze ans je l'aime Becca, je l'aime à en suffoquer, je l'aime au point qu'il me manque même lorsqu'il est à côté de moi et tu sais ce qui me fait le plus mal ? » Voilà, c’était dit, ces mots que je redoutais tant depuis que la question avait glissé de mes lèvres. Elle l’aimait. Depuis bien longtemps. Elle l’aimait avec chaque parcelle de sa personne, avec chaque fibre de son être. Et je ne pouvais rien y faire. J’étais simplement spectatrice. Réduite, encore une fois, à mon impuissance. Ne sachant que dire ou faire, l’observant avec une terreur sans nom au creux de ma poitrine, comme si soudainement, je réalisais que je la perdais. Éventuellement, je la perdrais. C’était maintenant si clair dans mon esprit.
Voyant la détresse grandissante de mon amie, je bougeai pour m’agenouiller face à elle, posant mes mains sur ses genoux. Je l’observais pleureur pour la première fois depuis des années, sans dire un mot, sans émettre le moindre jugement. Ce n’était pas à moi de juger, pas sur un sujet aussi épineux, ce n’était pas à moi de condamné ses larmes alors que je m’étais battue depuis si longtemps pour qu’elle cesse de les refouler. Alors, je restai là, immuable, tâchant d’être forte, d’être l’épaule sur laquelle elle pouvait étancher ses larmes. «-Ce qui me fait mal c'est que je sais que c'est mal, que je n'ai pas le droit de l'aimer, mais qu'en même temps j'ai si peur que le poète ne me l'enlève, car il me l'a dit, il me prendrait celui qui fera revivre mon coeur. Ce qui me fait mal c'est que Rickon finira par m'abandonner, je le sais, je suis si tordue si malsaine, si difforme. Ce que me fait peur c'est que je ne veux pas choisir entre vous et lui. Ça me fait si mal de l'aimer, de ne pas réussir à faire semblant de ne rien ressentir face à lui, ce n'était pas toi que je fuyais, c'était mes propres sentiments. Je me sens si faible. » Doucement, je pris ses mains dans la mienne avant qu’elle n’enfonce ses ongles dans sa peau trop profondément, l’empêchant de se faire mal. De nouveau, je la serrai contre moi, la berçant de nouveau, sentant ses larmes détrempé mon vêtement alors qu’elle sanglotait contre moi. «Je sais, je comprends….» soufflais-je à son oreille avec une douceur hésitante, comme si je m’attendais à ce qu’elle me crache au visage que non, je ne comprenais pas. Si seulement elle savait… mais voilà, elle ne savait pas. «-Je suis désolé Becca, je suis vraiment désolé. » Là voilà qui répétait ce que je lui avais dis quelques minutes plutôt, encore une fois, sans que l’on sache pour quelle raison elle était réellement désolée. «Tu n’as pas à l’être. Tu n’as pas à t’excuser de ressentir autre chose que ce vide que tu t’es efforcé à ressentir toute ta vie. Tu n’as pas à t’excuser d’avoir des sentiments, des peurs. Ça ne te rend pas faible, Gen, ça te rend forte. C’est ce qui fait la différence entre toi et ces maniaques qui on démolit nos vies par pur sadisme. »Je l’éloignais légèrement de moi, sans pour autant la rompre le contacte que j’avais établie entre nous, balayant quelques unes des ses larmes du bout des doigts, d’une caresse délicate et tendre. «Tu n’est pas tordue, ni difforme. Non que je tiens ce mec en haute estime, mais s’il finit par t’abandonné, alors il est encore plus imbécile que je ne le pensais. Il ne sait pas la chance qu’il a de t’avoir dans sa vie. Quant au poète…» Je soupirais. Je savais que c’était un sujet épineux, je savais que c’était quelque chose de délicat et de complet. Une variable incontrôlable dans ce tableau. Mais je finirais bien par mettre la main dessus… un jour. «Vas-tu le laisser contrôler la vie ainsi, jusqu’à ta mort? Vas-tu le laisser gagner de la sorte? On trouvera ce salaud et il paiera pour ce qu’il vous a fait, mais jusque là, ne t’empêche pas de vivre à cause de lui. Ne le laisse pas gagner, Genesis. Ne le laisse pas avoir le dessus sur toi. Tu as peur? Bien, très bien. Tu as mal? Encore mieux. Utilise cette peur, utilise cette douleur, fais-en ta force. Tu n’es pas obliger de te cacher derrière un masque.» Je déposai un baiser dans ses cheveux blonds, geste qu’avait fait un certain brun avec moi quelques jours plutôt.
Genesis H. Slyfiter A beautiful life
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Sujet: Re: I can't live in a fairytale of lies • Genesis Mar 10 Juin - 11:00
Becca & Gen
I can' live in a fairytale of lies
Sa conscience avait toujours eu le dessus, elle inhibait l'inconscient de la jeune profiler, lui permettant ainsi de cacher ce qu'elle était réellement. Elle avait toujours su contrôler cette conscience, même si elle s'était fissurée lors de sa première année d'université, alors pour noyer, pour oublier et espérer avoir une nuit de sommeil qu'elle jugeait correct, elle était tombée dans toutes sortent d'antidépresseurs, un cachet, puis un autre, espérant pouvoir mettre son cerveau en mode pause, trouver un bouton qui lui permettrait de ne plus penser, ne plus calculer. Anafranil, Cymbalta, Laroxyl ,Séropram et bien d'autres, parfois seuls, parfois mélangés. Un doux réconfort qui n'avait qu'une courte durée de vie. Ça lui avait permis d'oublier, d'assommer sa matière grise que tous et toutes enviaient tant. Puis Becca était arrivée, devenant cette lueur d'espoir parmi ces monstres que la blonde affrontait chaque nuit. La vie reprenait son court, oubliant les petites boites en plastiques blanche qui se cachaient dans sa commode, elle avait réussi à se focaliser sur autre chose, trouver un objectif, transformer sa rage, sa haine, sa peur en une force consciente qui assommait son inconscient. Ça avait durée un certain temps, le temps qu'elle ne se blinde de travail, qu'elle ne trouve l'enflure qui avait enlevé à Becca cette douce lueur de petite fille au fond de ses pupilles. Toutefois, la blonde avait compris que tout ce qu'il y avait après la vengeance c'était un vide, un trou béant qui se creusait au fond de sa poitrine, elle avait compris Becca, cette femme en apparence si joviale qui se cachait comme elle derrière un masque, bien qu'un masque contraire au sien. Elle avait compris qu'après tant d'années passées à haïr un être difforme, la fin de ce fil de haine n'était rien d'autre qu'un vide abyssale.
Pourtant Genesis avait feint, ne pas comprendre, elle se noyait dans le travail avec une hargne presque surhumaine, interrogatoire, preuve, scène de crime, cadavre, psychologie malsaine, il lui fallait sa dose d'ombre pour oublier sa propre douleur, sa propre peur du vide. Parce que c'était ça qui l'avait fait tenir, pendant que Liam se cachait derrière le mutisme, qu'Adriel s'acharnait à sauver un mariage trop bancale, que Becca essayait de trouver une autre raison de tenir debout. Genesis, elle, avait besoin de se plonger dans les ténèbres, de se confronter à la violence la plus ultime et la plus humaine. Ça n'avait durée qu'un temps, le temps d'adoucir ses démons pour qu'ils viennent la dévorer avec plus d'acharnement, alors elle était venue ici, sans réellement savoir pourquoi, ni même comment. Elle avait quitté New York et sa folie humaine pour s'enterrer dans un jardin de verdure. Ça ne lui ressemblait pas. Et pourtant, au fond d'elle-même, elle savait que si elle était venue ici c'était par passion, c'était parce que toutes ces nuits en compagnies d'hommes différents qui froissaient ses draps, qui soupiraient dans le creux de son oreille, tout cela ne suffisait plus à combler le vide que Rickon avait laissé au fond de son coeur. Et lorsqu'elle réalisait à qu'elle point elle était vulnérable face à cet homme, ce contraire d'elle-même, elle se sentait se fissurer de l'intérieur. S'effondrer, se casser contre le bitume tel un jouet pour enfant qu'on balancerait sur le sol par simple caprice. Alors, sa crise d'hystérie, tant de fois dissimulée commençait à pointer le bout de son nez. Son âme inondée de peur, de monstre qu'elle enfermait dans une boite. Elle, le bloque de glace n'était au fond qu'une pauvre fille, comme toutes les autres. En ça, elle avait honte, elle était désolée d'être ce qu'elle était, d'aimer le mauvais type depuis sa plus tendre enfance. La chaleur corporel de sa meilleure amie était rassurante, comme un phare au milieu d'une tempête Becca était là, toujours présente, prête à l'empêcher de couler son âme au fin fond des abysses. Genesis était-elle en pleine état de crise ? Pas vraiment c'était seulement le résultat de nombreuses années où elle s'était construit une carapace solide, intouchable, indestructible et plus ses larmes inondaient ses joues, plus elle sentait cette sensibilité à fleur de peau qui lui chatouillait le cœur.
« Tu n'as pas à l'être. Tu n'as pas à t'excuser de ressentir autre chose que ce vide que tu t'es efforcé à ressentir toute ta vie. Tu n'as pas à t'excuser d'avoir des sentiments, des peurs. Ça ne te rend pas faible, Gen, ça te rend forte. C'est ce qui fait la différence entre toi et ces maniaques qui on démolit nos vies par pur sadisme. » Genesis ne sentait plus la chaleur de Becca, elle était à présent face à elle, essayant de retenir des larmes, des hoquets de sanglots, elle essayait de se concentrer sur les mots de Becca. Savait-elle que pour se plonger dans la tête d'un sadique, cela demandait à Genesis d'être elle-même la chose immonde qu'elle chassait. Entrer dans la tête d'un tueur en série c'était entrer dans sa propre matière sale, malsaine, propre à chaque être humain. C'était éprouvant et à la fois rassurant de voir que chaque fois, elle avait réussi à s'en sortir sans que sa psyché ne soit brisée, aujourd'hui, elle ne savait plus si elle en serait capable, car sa seule obsession était la sécurité de ceux qu'elle aimait, c'était ce dos qu'elle avait envie de serrer contre elle depuis l'enfance. C'était l'amour qui la dévorait de l'intérieur. «-Je ne devrais pas, je n'ai pas le droit, j'ai promis à Adriel d'arrêter de poète et dans ce monde il n'y a pas de place pour la vie Becca. » La voix de Genesis ne tremblait plus tandis qu'elle passa un revers de main sous ses joues humides afin de reprendre le contrôle de ses larmes. Elle se sentait honteuse de lui dire ça, alors qu'elle savait plus que personne qu'elle ne pourrait jamais mettre Rickon dans une boite, qu'elle ne pourrait jamais arrêter le poète s'il était là parce que dans un élan d'égoïsme, elle avait eu le fantasme malsain d'une vie normal avec lui. Tellement pitoyable. ''t'es juste une pauvre fille ma grande, regarde ce que tu infliges à tes proches'' pensait-elle en essayant de remettre ce masque douloureux. Et pourtant, des larmes, silencieuses cette fois, se mirent à rouler le long de son visage. Était-ce les stigmates de tant d'années à ne rien laisser passer ? Peut-être. La caresse que sa meilleure amie lui procura, de façon maternelle la rassura, calmant son coeur qui tambourinait doucement à présent. «Tu n'est pas tordue, ni difforme. Non que je tiens ce mec en haute estime, mais s'il finit par t'abandonné, alors il est encore plus imbécile que je ne le pensais. Il ne sait pas la chance qu'il a de t'avoir dans sa vie. Quant au poète...» Genesis ne put s'empêcher d'esquisser un faible sourire, presque une grimace. Rickon l'abandonnerait, elle l'avait compris en plongeant son regard dans le sien et pourtant comme une putain de masochiste, elle ne voulait pas se résoudre à ne plus le voir, à l'oublier. L'amour était vraiment quelque chose de malsain dans le fond. Puis, son sourire s'effaça lorsque Becca prononça le pseudonyme de l'être difforme qui lui avait arrachée tout ce qu'elle avait eue jadis. Pourquoi ressentait-elle tant de douleur lorsque c'était Becca qui en parlait, cette fille était trop pure, trop douce, trop parfaite pour que le nom de ce type ne vienne salir sa bouche pulpeuse. Le soupire de la jeune brune résonnait dans la pièce, tel un écho de réalité dans ce monde brutale dans lequel Genesis se noyait. «Vas-tu le laisser contrôler la vie ainsi, jusqu'à ta mort? Vas-tu le laisser gagner de la sorte? On trouvera ce salaud et il paiera pour ce qu'il vous a fait, mais jusque là, ne t'empêche pas de vivre à cause de lui. Ne le laisse pas gagner, Genesis. Ne le laisse pas avoir le dessus sur toi. Tu as peur? Bien, très bien. Tu as mal? Encore mieux. Utilise cette peur, utilise cette douleur, fais-en ta force. Tu n'es pas obliger de te cacher derrière un masque.» Genesis ancra ses prunelles azures, translucides tant son regard pouvait se montrer indiscret, transcendant l'âme de ses interlocuteurs lorsqu'elle montrait le visage de la profiler. Elle avait déjà fait tout ça, elle avait déjà transformé sa peur en force, son mal-être en arme, mais aujourd'hui, assise sur ce canapé. Elle en était fatiguée. Elle serra ses poings contre ses genoux tandis que Becca déposait un doux baiser dans sa toison d'or. Comme elle aurait aimé savoir trouver les mots pour se faire comprendre, comme elle aurait aimé avoir la force de se lever de courir encore et encore jusqu'à sentir son corps devenir la poussière dont il était destiné à être dans la finalité. Et pourtant, elle ne pouvait pas bouger, pétrifié de douleur. La blonde essaya d'articuler quelques mots sans flanchés. «-Il arrive un moment, où la peur devient plus dévorante au fur et à mesure que les gens entre dans ma vie. Ma force commence à faiblir au fil du temps, je crois que je suis fatigué Becca. Et pourtant c'est plus fort que moi, j'ai besoin de ça, de contrôler mes sentiments pour ne pas me laisser submerger parce que ce masque est ce qui pourrait me sauver et me permettre de le tuer. » Elle secoua son visage, sentant son cerveau qui commençait à être lourd. Très lourd. Trop lourd. La fatigue accumulée ne l'aidait pas.
«-J'aimerais me permettre de ne plus porter ce masque, mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas m'effondrer maintenant. Je dois vous protéger, toi, Adriel, Liam et Rickon de ce monstre. Et paradoxalement, je n'arrive pas à me tenir loin de vous, parce que vous êtes ce seuil de réalité au milieu de mon monde.» Genesis lui lança un sourire tendre, presque résigné et las. «-Rentrons. Un appartement nous attends. » Elle se leva, tendis sa main froide en direction de son amie, peut-être que tout n'était pas réglé, peut-être que le fond du problème était bien plus que la présence de Rickon. Peut-être que Genesis qui savait mettre le doigt sur ses sentiments pour lui, allait devenir plus forte ou se brûler un peu plus, peut-être...aujourd'hui elle était simplement épuisée de fuir. Elle enfila une veste et dans un souffle elle murmura. «-Merci » Pour tout. Pour être ce qu'elle était à présent.
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