Maelys & Duncan

Ma main joue avec le verre devant moi! Frénétiquement presque! J'ai le regard perdu dans le vide, pour les gens, je semble fixer la bouteille de whisky à l'arrière du bar. Ce délicieux breuvage de plus de 20 ans d'âge. Je crois même que la cigarette qui part en fumée dans le cendrier devant moi doit être la mienne. Mais je dois bien avouez que je m'en fous, j'en ai plus rien à battre d'une simple clope de merde. Je ne cesse de me dire que je ne suis qu'un petit con, que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie, que je vais devoir assumer. J'ai foutu une meuf en cloque, et pas n'importe laquelle. La plus gentille, la plus sage et la plus adorable des meufs de mon lycée et même de ma classe. Putain, j'aurais pas pu me retenir pour une fois. Non, y a fallu que je la drague, elle, cette gamine qui ne connaissait rien de l'amour. June m'a donné sa première fois, à moi, le gros connard et moi, je lui aie refourgué la plus grosse emmerde qu'elle pouvait imaginer. Alors bien sur que je m'en veux et bien sûr aussi que je vais assumer quelque soit son choix. Je vois encore son regard perdu, apeuré, complètement hors du temps. Me suppliant presque de lui dire que ce n'était pas vrai! Je pris le verre que je triture depuis presque une demi-heure et je le vide d'une traite. Ce liquide jaunâtre me brûle le gosier mais aussi la trachée. Putain que ça fait du bien! J'appelle le barman et lui en demande un autre. Il ne tarde pas à me le servir, sans un mot, comme si j'étais invisible pour lui, juste un verre à remplir et de l'argent à recevoir! Mais ça aussi, j'en aie rien à battre. Généralement, je lui aurais fait remarqué que la politesse existait, aujourd'hui, je suis heureux qu'il ne me calcule pas. Pas envie qu'il me fasse remarquer que je suis bien trop jeune pour me saouler la gueule, ou encore que je dois être vraiment dans le pétrin pour boire ainsi. Pas envie de parler, de m'expliquer, juste envie qu'on me tape pas sur les nerfs.

Ma main recommence son jeu incessant, faisant tourner le verre! Je regarde chaque mouvement que fait le whisky dedans, je regarde chaque reflet qu'il lui donne au fur et à mesure qu'il danse entre mes mains. Mais alors que j'écoute cette chanson irlandaise ridicule, qui me semble passer en boucle dans les hauts-parleurs, j'entends des pas qui s'arrêtent juste derrière moi. Je vous avoue que je prie pour que ce soit un type qui ne m'aime pas, pour que ce fameux gros irlandais me fracasse la gueule. Non en général, je suis pas du genre masochiste, mais là, je crois que ça sera peut être la seule et unique chose qui me remettrait les idées en place, me faire mettre sur la figure. Alors je lève le regard pour regarder dans le miroir qui fait le fond du bar, j'y vois une toute autre sorte de personne. Une magnifique blonde au regard très perçant. Maelys, magnifique  comme au temps où elle était la plus splendide des cheerleaders du lycée. J'avoue que j'avais le béguin pour elle! Mais elle n'aurait jamais remarqué le gamin débile que j'étais. Et pourtant depuis le temps que j'ai rêvé lui parler, elle n'arrive même pas à me faire sourire. Je dis juste alors qu'elle est toujours derrière mon dos Tu vas rester plantée derrière moi ou tu t'assois et je t'offre un verre? Et là, un éclair de génie, merde, je sais qui elle est. Je ne sais même pas si elle connait la situation, mais elle est la cousine de notre chère June. Je soupire alors et attends de savoir ce qu'elle compte faire! De toute façon, qu'elle reste auprès de moi ou qu'elle foute le camp comme elle devrait le faire, je suis sûr d'une chose, cela ne changera rien à mon état! Je ne vais pas faire le gentil et le mielleux car elle est de la famille Riwal.