Nous sommes nées le 13 avril 1986 à Dungannon, en Irlande. Oui, deux car j'ai une jumelle plus jeune de 2 minutes. Nous avons un grand frère de deux ans, notre aîné. Nous sommes donc une fratrie de trois enfants. Mes parents sont tombés amoureux au lycée, et ne se sont plus jamais quitté. Ils voulaient une famille nombreuse. Ils l'ont toujours voulu mais après ma sœur et moi, la grossesse s'étant pas très bien passée, on lui a déconseillé une quatrième grossesse, son rêve est donc parti en fumée. Je sais que cela l'a anéanti, du moins c'est ce que me dit mon père les peu de fois où nous avons sérieusement discutés.
A l'époque mon père était Boucher. Il adorait son travail. Quant à ma mère, son simple travail de maman lui prenait tout son temps. On n'a jamais vécu sur l'or, mais avec les heures innombrables de mon père, on réussissait à s'en sortir. Nous n'avons jamais demandé à mon père un centime et n'avons jamais eu plus d'un cadeau à Noël. On partageait la même chambre tous les trois dans un petit deux pièces. C'était assez difficile à vivre. Mon père a perdu son emploi suite à un licenciement technique car il n'y avait plus assez de travail lorsque ma sœur et moi avions environ 6 ans. Cela a été la descente aux enfers. Ma mère n'a pas supporté le fait que nous soyons pauvres et a décidé de se donner la mort en se jetant d'un pont un an après avoir appris le licenciement de son mari. J'étais petite quand on me l'a annoncé. A sept ans on ne se rends pas vraiment compte des choses, bien qu'elle m'ait toujours manqué ! Mon père a tout fait pour nous éduquer du mieux qu'il pouvait. Mais j'en avais marre de vivre à 4 dans un appartement qui d'ordinaire ne pouvait accueillir que deux personnes.. A force de ne pas payer le loyer, les propriétaires nous ont mis à la rue. On a ensuite vécu dans des foyers d'accueil quelques temps jusqu'à ce que mon père trouve un travail en tant que livreur de journaux. On gagnait juste assez pour se loger dans un logement social. Les gens de mon école nous ont beaucoup évité.. Les gens se moquaient de nous car nos vêtements n'étaient pas à la mode et nous portions toujours les mêmes..
En grandissant, je ne l'ai pas supporté, j'ai décidé de m'affirmer, j'ai grandi en m'imposant et en trouvant des amis et en affrontant ceux qui se foutaient de moi gratuitement. J'étais de plus en plus invités dans des soirées, et j'aimais boire.. C'était une sorte d'échappatoire. J'adorais passer mes soirées et mes nuits loin de la maison. Je couchais avec des garçons et les larguais quelques heures après. Je n'ai jamais voulu m'attacher, j'avais tellement peur qu'ils ne doivent venir chez moi et rencontrer mon père. Ma sœur était plus réservée que moi mais adorait se faire passer pour moi auprès de mes amis. Je ne l'ai jamais supporté. Nous nous sommes souvent disputés pour cela. L'usurpation d'identité dont j'étais victime me rendait malade mais elle n'était pas de cet avis. Elle n'a jamais accepté le fait que l'on soit différente et que je m'éloigne. Pour elle, nous étions une seule et même identité. Aujourd'hui, ce délire continue. Nous sommes toujours en froid.
A mes 18 ans, après avoir eu l'intervention de plusieurs personnes aux différents métiers, l'une d'elles m'a permis de choisir ma voie. J'ai décidé de tenter le concours pour être agent de police. J'ai tout donné pour intégrer la police de la ville. J'ai eu haut la main le concours et je suis entrée dans la police à mes 18 ans. J'ai ensuite été formée et j'ai suivi des cours de self défense et de Krav Maga pour pouvoir être la meilleure possible et j'ai eu le job ! A mes 20 ans, j'ai dégagé de la maison. J'en avais marre de vivre comme une moins que rien auprès des miens. J'ai pris un appartement. Cela fait 8 ans que j'y vis. Certes, ce n'est pas du luxe, mais je suis seule, au calme et sans mon père sur le dos. Il n'a jamais supporté que je quitte le cocon et que je choisisse un métier à risque.
Ma sœur me tape encore sur le système..